Crée dès la naissance de La Grande Motte, le Jardin Minéral de Joséphine Chevry est une œuvre phare du patrimoine de La grande Motte, témoin de la folie créative des 70’s. Promenez-vous le long de ce jardin et découvrez son histoire grâce aux différents QR codes situés entre les accès plage du point zéro de 7 à 13.
Joséphine Chevry nait dans l’Essonne en 1936, en nourrice et pension bercée par les arts et les livres. A 18 ans elle entre aux Beaux-Arts et s’oriente vers la sculpture, très peu prisée par les femmes à l’époque. Elle est choisie dès sa sortie par Jean Balladur qui lui confie la création de sculptures au Point Zéro. Ces sculptures de béton sont destinées d’abord à fixer le sable et consolider la dune, mais pas seulement. Dans l’esprit de l’architecte chaque sculpture doit également proposer aux vacanciers une valeur d’usage.
Joséphine dessine alors sur la plage des bâtons, des jambages et des cercles, trois formes qui permettent de composer toutes les lettres de l’alphabet. Elle organise les sculptures en fonction du soleil, tel un grand cadran, leur conférant ainsi une dimension symbolique solaire à l’image de la station balnéaire, et une véritable utilité pratique pour le visiteur : exploiter le site comme un solarium, ou au contraire s’y fournir de l’ombre, ou encore s’abriter du sable qui vole. A cette époque évidemment la dune est un lieu ouvert au visiteur et au piétinement.
L’idée séduit immédiatement qui lui confie le site et lui laisse toute créativité. Elle a ensuite ajouté les coques (demi cercles) qui ont contribué à inspirer les Conques de Vénus au Couchant.
Le jardin minéral devient rapidement un site recherché par les plagistes et un lieu romantique pour les amoureux.
Jean Balladur, certain du talent de Joséphine Chevry, parvient à la convaincre de s’inscrire au Grand Prix de Rome. Elle est lauréate de deux éditions – premier Grand Prix et premier Second Grand Prix- en 1964 et 1966 ! Pendant longtemps elle est restée la plus jeune sculptrice primée dans ce prestigieux concours international.
Cinquante ans plus tard elle réalisera que ses trois lettres de béton, en forme de M de O et de i, lui font un clin d’œil autour du mot « MOI ».
Il fallait, dans un premier temps, modeler les dunes et les profiler idéalement ; c’est un Caterpillar avec une lame de 4 mètres que Joséphine utilise, n’hésitant pas à manœuvrer elle-même le monstre chaque fois qu’il le fallait. Les sculptures ne sont pas conçues avec un socle, le sable est trop fluide pour garantir une stabilité, mais avec une grande partie enfouie. Ainsi une grande quantité de béton peut être coulée pour assurer la solidité de chaque élément ; sur l’île de Pâques des boues solidifiées avaient déjà été utilisées ainsi pour permettre aux Géants de rester dressés.
Les différents éléments sont préfabriqués en atelier et moulés ensuite industriellement. Le béton n’est pas laissé brut pour autant, pour le rendre sensitif l’artiste a joué avec le grain de cette peau de béton. Le regard glisse et s’amuse sur les surfaces tantôt lisses, tantôt peignées ou recouvertes de galets.
Si le Jardin Minéral est une œuvre globale qui dialogue intimement avec le milieu naturel dunaire, pour autant à cette époque aucune notion d’écologie ou de durabilité n’était prise en compte ou presque.
Les œuvres étaient acheminées sur site par camion et positionnées à l’aide de grues selon un plan précisément prédéterminé. Ce chantier titanesque a nécessité le travail de beaucoup d’ouvriers, notamment algériens, espagnols et portugais.
Il fallait, dans un premier temps, modeler les dunes et les profiler idéalement ; c’est un Caterpillar avec une lame de 4 mètres que Joséphine utilise, n’hésitant pas à manœuvrer elle-même le monstre chaque fois qu’il le fallait. Les sculptures ne sont pas conçues avec un socle, le sable est trop fluide pour garantir une stabilité, mais avec une grande partie enfouie. Ainsi une grande quantité de béton peut être coulée pour assurer la solidité de chaque élément ; sur l’île de Pâques des boues solidifiées avaient déjà été utilisées ainsi pour permettre aux Géants de rester dressés.
Les différents éléments sont préfabriqués en atelier et moulés ensuite industriellement. Le béton n’est pas laissé brut pour autant, pour le rendre sensitif l’artiste a joué avec le grain de cette peau de béton. Le regard glisse et s’amuse sur les surfaces tantôt lisses, tantôt peignées ou recouvertes de galets.
Si le Jardin Minéral est une œuvre globale qui dialogue intimement avec le milieu naturel dunaire, pour autant à cette époque aucune notion d’écologie ou de durabilité n’était prise en compte ou presque.
Les œuvres étaient acheminées sur site par camion et positionnées à l’aide de grues selon un plan précisément prédéterminé. Ce chantier titanesque a nécessité le travail de beaucoup d’ouvriers, notamment algériens, espagnols et portugais.
Un littoral n’est pas un long fleuve tranquille :
Depuis 1980 pas moins de 332 tempêtes ont été répertoriées sur cette façade maritime, agressant la plage et les dunes. Ces intempéries n’ont évidemment pas épargné les précieuses sculptures du Jardin Minéral.
Les embruns corrosifs, les vents impétueux et même le gel ont laissé leurs marques indélébiles sur ces œuvres d’art. Cette détérioration est d’abord attribuable au fait que le béton utilisé à l’époque manquait des qualités de durabilité dont il dispose aujourd’hui. Parmi les sculptures les plus affectées figurent principalement les peignes, dressés tels des « i » ; les outrages qu’ils ont subis sont également liés à leur faible épaisseur et aux ferraillages très proches de la « peau », que les embruns découvrent font rouiller. Les jambages et autres formes, bien que moins altérés, ne sont pas sortis indemnes pour autant.
Il a donc fallu organiser une restauration du Jardin Minéral pour prévenir les outrages du temps aux bétons – nettoyer, poncer, gommer, profiler- et ralentir ou rattraper la gîte des œuvres.
Pour restaurer le Jardin Minéral il a fallu trouver les fonds bien évidemment mais aussi le bon management de tous les acteurs concernés : habitants, mécènes, métiers, acteurs du patrimoine … Joséphine Chevry a fondé dans ce but l’association « Sous le vent le béton », qui a rassemblé toutes les parties concernées et les a organisés en interlocuteur unique.
La Commune de La Grande Motte elle-même a pris une grande part d’engagements dans le projet et en a assuré également les dimensions végétales et paysagères.
Rien n’aurait été possible sans le mécénat de Alphi, un coffreur de renom, qui a contribué à lui seul à hauteur de 50 % du budget global de rénovation.
Pour le reste l’association a lancé un appel à la mobilisation des professionnels du secteur : cimentiers, bétonniers, industriels, ingénierie et entreprises générales, afin de compléter le financement du chantier de restauration.
C’est ainsi que le groupe RGB France, spécialiste du béton, a réagi à l’appel de mécénat lancé par Béton, le Magazine spécialisé, et a rejoint le projet.
Les travaux à engager comprenaient une vaste palette de compétences : échantillonnage des œuvres, désensablage, reprofilage des peignes, nettoyage et hydrogommage, peeling…. Les épidermes de béton convoquent des soins qui rappellent ceux destinés à nos propres peaux.
Les produits utilisés ont été respectueux du site naturel, d’origine végétale pour beaucoup. La technique de coffrage en bois a été conservée. La pose des galets s’est évidemment faite à la main. Pour la dépose dans le sable il a fallu procéder par calage préalable puis toupie de béton.
Le 12 novembre 2022, le chantier s’est clos : le Jardin minéral a retrouvé sa splendeur d’antan et sa seconde vie a fait l’objet d’une inauguration.
Le Jardin Minéral de Joséphine Chevry est une belle incarnation à lui tout seul de l’épopée de La Grande Motte, de la culture des années 60/70 et de la sacralisation actuelle de nos espaces naturels.
La Grande Motte a été construite pour le bonheur des hommes : celui du vacancier en particulier, qui vient à la rencontre des rivages de la Méditerranée et des nouvelles solutions d’habitat balnéaire. Le Jardin minéral est au point de rencontre des deux : conçu pour inviter les plagistes à pénétrer la dune pour venir y trouver le repos, la fraicheur et le confort, il est le symbole d’un tourisme littoral joyeux, insouciant, positif, à la recherche des émotions et des sensations de l’été. Le sable, l’eau et le soleil sont les éléments naturels et les acteurs de la pièce qui se joue, celle de la civilisation des loisirs, à l’échelle d’une dune ou d’une ville.
L’esprit qui règne est celui de la créativité, libre et sans limite, de l’audace et de l’expérimentation sans tabou. Le contexte frénétique des trente glorieuses et des valeurs libertaires des années 60 et 70 montes aussi à l’assaut des dunes.
Mais pour autant l’enjeu naturaliste est présent, Jean Balladur a clairement identifié que la dune sert de remparts aux assauts du vent et de l’eau, le Jardin Minéral qu’il souhaite est intelligemment chargé d’une mission de résilience. L’érosion du trait de côte et le risque submersif ne sont pas exprimés si clairement qu’aujourd’hui mais ils sont au cœur de son raisonnement.
Aujourd’hui les dunes sont des milieux naturels préservés des hommes. La dune est interdite au piétinement, les sables fixés par des pièges à sables, sortes de clôtures en châtaigner ou acacia qu’on appelle ganivelles, qui rechargent la dune et la font croître. Quant aux biotopes qu’elles constituent, discrets mais riches et vulnérables, ils sont l’objet de toutes les attentions des naturalistes.
Un Jardin Minéral aujourd’hui est impensable. Il ne serait ni imaginable ni réalisable tant il serait à contre sens de la loi et de l’idéologie contemporaine.
Autant de raisons de le regarder avec curiosité et émotion : il est le gardien élégant et silencieux de toute une génération de créateurs et de vacanciers, insouciants mais intelligents et heureux, dont on peut encore entendre les rires dans le vent qui joue avec ces silhouettes de béton.
The Mineral Garden
Paroles et musique composées
par l’intelligence artificielle
d’après les mots clés de cette page.